SOUVERAINETÉ NUMÉRIQUE : L'IMA PRÉSENTE SES 33 RECOMMANDATIONS STRATÉGIQUES

L'IMA présente ses 33 recommandations stratégiques issues d'un travail impliquant plus de 300 grandes entreprises, administrations et startups, dont la majorité du CAC 40
jeudi 22 mai 2025
Issues d’un travail collaboratif mené par l’IMA et impliquant plusieurs centaines d’organisations françaises, ainsi que des institutions majeures telles que France 2030, La French Tech ou Station F, des idées concrètes pour passer à l’action.
L’Innovation Makers Alliance (IMA), qui représente 150 grands groupes, administrations et ETI françaises, dont la majorité du CAC 40 et des grandes administrations, dévoile un Manifeste stratégique pour renforcer la souveraineté numérique de la France et de l’Europe. Fruit d’une collaboration avec des acteurs majeurs de l’innovation tels que France 2030, La Mission French Tech, Station F, France Digitale, la DGE, le Hub France IA, Hexatrust ou le CESIN, ce manifeste présente 33 recommandations concrètes pour mettre en place une véritable indépendance technologique, soutenue par des actions ambitieuses et coordonnées à l’échelle européenne.
L’Innovation Makers Alliance (IMA) réunit depuis 2015 les décideurs technologiques des grandes organisations du pays — DSI, directions digitales, data, IA, innovation ou métiers — pour partager leurs retours d’expérience, structurer une vision commune des enjeux numériques et accélérer collectivement les transformations technologiques, notamment en matière de data, IA, robotique, cloud, cybersécurité ou quantique. Observatoire de terrain des enjeux numériques, l’IMA publie aujourd’hui un manifeste pour la souveraineté numérique, dans un contexte marqué par une montée des tensions géopolitiques et une dépendance accrue à des technologies extra-européennes.
Ce document s’appuie sur un large dispositif de consultation : deux enquêtes menées auprès de 136 entreprises et administrations (dont CAC 40, SBF 120 et ministères) et 70 groupes et startups fournisseurs de solutions souveraines (dont Orange, OVH, Mistral AI, Scaleway, Pasqal, Jamespot, Outscale, LightOn…) NB : La liste des membres de l’IMA, ainsi que des entreprises et administrations non membres ayant participé à la rédaction du manifeste est disponible en annexe du présent communiqué.
Il s’appuie également sur une série d’interviews de décideurs, les travaux du Sommet sur la souveraineté numérique organisé à Bercy en janvier 2025, ainsi que les recommandations portées par France 2030, France Digitale, la French Tech, Station F, le Hub France IA, Hexatrust et le CESIN.
Un document stratégique au service de l’action
Le Manifeste pour la souveraineté technologique et l’autonomie stratégique du numérique en France et en Europe a pour objectif de fournir un cadre de réflexion et d’action face aux enjeux croissants de souveraineté numérique. Ni plaidoyer politique, ni rapport institutionnel, ce document se veut pragmatique, ancré dans les réalités du terrain et orienté vers la mise en œuvre de solutions.
Sa vocation est double : éclairer les risques de dépendance technologique dans des domaines critiques (IA, cloud, cybersécurité, données…) et proposer des leviers concrets à mettre en œuvre par les pouvoirs publics européen et français, mais aussi directement par les grandes entreprises du pays. Le manifeste se fonde sur l’idée que souveraineté et compétitivité ne sont pas incompatibles, mais qu’elles doivent être pensées ensemble. Le document est construit autour de sept grands axes technologiques : IA (dont LLM et agentique), data, cloud souverain et infrastructures, IT & digital workplace, low code / no code, cybersécurité, informatique quantique.
“La souveraineté technologique n’est pas un repli, c’est un choix stratégique. Ce manifeste est un outil de lucidité et d’action pour éviter les dépendances subies et construire une autonomie européenne choisie.” Christophe Grosbost, Chief Strategy Officer de l’IMA
Accélérer le passage à l’action : focus sur 5 recommandations phares du manifeste
La dernière section du manifeste propose une synthèse opérationnelle regroupant 33 recommandations hiérarchisées, destinées à guider l’action des responsables politiques, acheteurs, décideurs métiers, responsables innovation, acteurs publics ou financeurs. Certaines sont immédiatement activables, d’autres relèvent de choix stratégiques à l’échelle nationale ou européenne.
Elles abordent l’ensemble des leviers disponibles : volonté politique, coopération internationale, commande publique, régulation et protection des marchés stratégiques, soutien financier et incitations fiscales, développement des infrastructures de la recherche, cybersécurité, acculturation et formation des citoyens, campagnes de sensibilisation des parties prenantes…
Les travaux de l’IMA et de ses partenaires ont notamment souligné l’urgence d’appliquer les cinq recommandations-clés suivantes :
Création d’un Small Business Act européen
La création d’un Small Business Act européen, sur le modèle de celui existant aux États-Unis, consiste à réserver un pourcentage significatif des marchés publics aux PME et startups technologiques européennes. Cette mesure vise à structurer la commande publique pour stimuler l'accès de ces entreprises aux marchés, un levier essentiel pour renforcer l’écosystème technologique européen. Actuellement, les startups dénoncent une concurrence inégale face aux géants technologiques américains et chinois, qui bénéficient de moyens financiers considérables et d’un accès facilité aux marchés internationaux. Cette proposition répond à un besoin d’équité pour les startups européennes, leur permettant de développer leur activité et d’accroître leur capacité d’innovation grâce à une commande publique volontairement orientée vers des solutions souveraines et locales.
« Il est vital de mettre en place un Small Business Act, tant à l’échelle française qu’européenne, pour favoriser l’accès des startups, PME et ETI innovantes à la commande publique. » - Dorothée Decrop, Déléguée Générale de Hexatrust
« Les États-Unis, par leur politique d’achat, participent déjà largement à l’épanouissement économique des entreprises nationales des technologies. Le Small Business Act permet ainsi d’alimenter les carnets de commandes des petites entreprises. Mais si ce modèle est régulièrement cité en référence en Europe, il n’a jamais été mis en œuvre sur le vieux continent, pour des raisons réglementaires et politiques. Il est temps d’y remédier » - Robert Vesoul, PDG d’Illuin Technology
Mise en place d’une plateforme centralisée d’appels d’offres incluant les commandes publiques aussi bien que les besoins du secteur privé
Cette mesure consiste à créer une plateforme centralisée d’appels d’offres technologiques afin d’offrir aux startups et PME européennes une visibilité claire sur les besoins technologiques des grandes entreprises et administrations européennes. Aujourd’hui, les startups proposant des solutions souveraines font face à une opacité souvent problématique sur les besoins technologiques des grands groupes privés, en particulier pour les projets situés dans une zone grise budgétaire (de 100 000 à 10 millions d’euros), où les entreprises passent directement par leurs partenaires historiques (ESN, cabinets de conseil, hyperscalers, etc.) sans publication. Les startups souveraines peinent aussi à accéder aux marchés publics, même si ceux-ci sont théoriquement ouverts via des procédures formalisées. En centralisant les appels d’offres, cette plateforme réduirait drastiquement ces barrières à l’entrée. Ce dispositif assurerait une meilleure adéquation entre les besoins des organisations européennes et les solutions disponibles localement, facilitant l’émergence de champions technologiques européens.
« Les startups manquent de visibilité quant aux besoins technologiques des grands groupes, ce qui entretient la dépendance à des solutions non-européennes intégrées par défaut par les ESN. Il faut changer de paradigme » - Christophe Grosbost, Chief Strategy Officer, IMA
Création d’un « Bonus Souveraineté »
Le "Bonus Souveraineté", inspiré du modèle du bonus écologique, vise à offrir une réduction directe du prix d’achat des solutions technologiques souveraines, grâce à un financement par l’État. En complément, une fiscalité incitative est proposée, à l’image de la défiscalisation du mécénat ou de l’art, avec des réductions de charges significatives pour les entreprises qui adoptent ces technologies européennes. Ce double dispositif vise à créer des conditions économiques avantageuses afin de rendre les solutions souveraines plus compétitives face à leurs concurrentes étrangères.
« L'outil d’incitation fiscale est un levier puissant, tout comme les Américains l'utilisent pour favoriser leurs propres entreprises. Il faut récompenser ceux qui choisissent des solutions européennes, par exemple par des réductions d’impôts, ou une défiscalisation » - Philippe Latombe, Député de l’Assemblée Nationale Française, Secrétaire à la Commission des Lois, Commissaire à la CNIL
Continuer les investissements massifs dans les infrastructures IA
Face à la domination des infrastructures IA américaines et chinoises, l’Europe doit réaliser un investissement massif dans les infrastructures d’intelligence artificielle et la puissance de calcul. Cela se traduira notamment par la multiplication du nombre de data centers européens et le soutien à des initiatives spécifiques comme l’IA souveraine et les supercalculateurs. Actuellement, les investissements américains et chinois dans le domaine atteignent plusieurs milliers de milliards de dollars (ex. programme Stargate, 500 milliards $ dont 100 milliards dès 2025). La France et l’Europe ont depuis annoncé des investissements à hauteur de 300 Md€. Il faudra faire plus et mieux afin de permettre à l’Europe de se doter de moyens performants pour rivaliser à l’échelle mondiale, tout en garantissant la souveraineté des données sensibles traitées par ces infrastructures.
« L’Europe et la France doivent investir massivement dans des infrastructures et services cloud souverains, avec un processus de certification unique et simplifié et des espaces de données sécurisés pour faciliter le partage des données et l’accès à la puissance de calcul nécessaires à l'entraînement des modèles. Ces infrastructures devront être alimentées à l’aide d’une énergie décarbonée et peu chère pour rattraper l'avantage compétitif des acteurs américains et chinois. » - Caroline Chopinaud - Directrice Générale, Hub France IA
Création de data spaces sécurisés et interopérables
La création de data spaces européens sécurisés et interopérables est essentielle pour assurer un partage des données maîtrisé et conforme aux régulations européennes, comme le RGPD et l’AI Act. Elle est également fondamentale pour développer de nouveaux produits numériques à forte valeur ajoutée grâce à la mise en commun des données de multiples entreprises et administrations. Face aux risques des lois extraterritoriales comme le Cloud Act, les data spaces offrent aux entreprises européennes un cadre pour protéger et exploiter leurs données sensibles à grande échelle, dans le respect des valeurs européennes. Ils favorisent aussi la coopération et renforcent l’innovation et la compétitivité en Europe. Ce dispositif constitue une réponse directe à la nécessité d’assurer une véritable indépendance technologique, particulièrement cruciale dans un contexte mondial marqué par l’accélération exponentielle du développement de l’IA et l’intensification des tensions autour de la suprématie technologique mondiale.
« Construire des data spaces européens, c’est choisir la collaboration au service d’une économie numérique et physique conforme à nos valeurs et à nos règles. C’est nous donner les moyens de créer des actifs numériques originaux – comme des modèles d’IA adaptés à nos défis – entraînés grâce à ces données reflétant notre culture et nos spécificités. Sans eux, nous innovons sous domination étrangère ; avec eux, nous affirmons une voie européenne, démocratique, progressiste et scientifique.» - Aldrick Zappellini, Chief Data & AI Officer, Groupe Crédit Agricole
Au-delà de ces 5 recommandations stratégiques phares, le manifeste présente au total 33 recommandations, dont certaines tout autant essentielles, telles que :
- Commande publique française et européenne unifiée : Centraliser et unifier les commandes publiques entre administrations et même pays pour augmenter leur volume, en privilégiant les critères de souveraineté pour soutenir les startups européennes et permettre la création de géants européens capables de mieux rivaliser ensuite à l'international.
- Hébergement souverain des données : Imposer le stockage des données stratégiques sur des infrastructures européennes, notamment pour les entreprises sensibles et les administrations.
- Union des marchés de capitaux : Orienter l’épargne européenne vers les startups et PME technologiques souveraines en finalisant l'Union des marchés de capitaux.
- Cloud souverain européen : Développer un cloud européen unifié via la fusion d’initiatives nationales, simplifier les certifications et faciliter l'intégration dans les entreprises et administrations.
- Open source et standards ouverts : Encourager l'open source européen, les standards ouverts et la collaboration publique-privée pour réduire la dépendance aux technologies étrangères et promouvoir une politique globale d’ouverture (open science, open data, open source).
- Régulation renforcée des marchés stratégiques : Instaurer des barrières réglementaires aux acteurs extra-européens dans les secteurs critiques, Adapter et renforcer la réglementation (AI Act, DMA, RGPD) pour protéger les citoyens tout en favorisant l’innovation, et Imposer des standards européens obligatoires dans le cloud et les infrastructures critiques.
- Financement des deeptechs : Renforcer et unifier les financements publics et privés européens destinés aux startups technologiques avancées (deeptech).
- Politique industrielle ambitieuse : Structurer les filières technologiques européennes et imposer des standards industriels communs.
- Cybersécurité et résilience numérique : renforcer les moyens des autorités européennes (ANSSI, etc.), développer une IA défensive européenne, Instaurer une assurance cyber obligatoire, et Sécuriser les infrastructures critiques via des solutions européennes.
- Formation et rétention des talents : Déployer massivement des formations spécialisées (IA, cybersécurité, technologies souveraines), Créer des incitations financières pour garder les talents européens.
- Coopération intra-européenne et internationale : Structurer une coopération technologique européenne pour renforcer l’autonomie stratégique, Multiplier les collaborations public-privé à l’échelle européenne. Développer des champions européens capables de rivaliser mondialement. Créer une diplomatie économique européenne forte.
- Sensibilisation à la souveraineté numérique : Créer des labels officiels sur la souveraineté numérique, et lancer une vaste campagne de sensibilisation à destination des décideurs pour favoriser l’adoption des solutions européennes.
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A propos de l’Innovation Makers Alliance :
Fondée en 2015, l’Innovation Makers Alliance (IMA) est un consortium unique en France, qui rassemble les directions technologiques de 150 grands groupes, ETI et administrations francophones — DSI, innovation, digital, data, transformation, R&D ou métiers. Elle compte parmi ses adhérents la grande majorité des grandes entreprises et administrations du pays. Avec plus de 8 000 décideurs technologiques actifs, l’IMA agit comme un catalyseur d’intelligence collective pour accélérer les transformations technologiques et structurer des réponses concrètes aux grands enjeux numériques qui se posent à la France et à l’Europe. L’IMA se distingue par l’organisation de multiples groupes de travail et projets collaboratifs entre organisations adhérentes, ainsi que par la production collaborative de dizaines de livrables stratégiques chaque année fondés sur des retours d’expérience de terrain, devenus des références dans l’écosystème technologique français. Elle anime également plusieurs temps forts, dont le Digital Innovation Makers Summit (DIMS), le France Corporate Innovation Awards (FCIA) et l’Innovative Technologies Executive Summit (ITES), ainsi que de nombreux rendez-vous tout au long de l’année.
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